• 24.04.2021
  • Fabien Dunand
  • Blog
<b>Nous partageons nos émotions</b> - Photo de Andrea Piacquadio provenant de Pexels
Nous partageons nos émotions - Photo de Andrea Piacquadio provenant de Pexels

Un mot qui ne veut plus rien dire :
c'est compliqué

C’est compliqué. Sur toutes les chaînes de télévision, dans tous les reportages réalisés pour commenter l’actualité du jour, voilà la formule qui revient en boucle. Les restaurants, les commerces, les salles de spectacle sont fermés pour cause de confinement : c’est compliqué pour leurs gérants ou leurs propriétaires. Les écoles sont elles aussi fermées pour les mêmes raisons, l’enseignement se fait à distance : c’est compliqué pour les enseignants et pour les enfants. C’est également compliqué pour les parents, pour ceux qui doivent aller travailler et qui n’ont pas de nounou sous la main, comme pour ceux qui sont en télétravail et qui doivent justement jouer les nounous. Les hôpitaux doivent faire face à une importante charge de travail : c’est compliqué pour le personnel soignant. Etc.

 C’est compliqué : la langue française ne semble plus avoir d’alternative. Dans un documentaire qui met des responsables des forces de l’ordre face aux images des violences policières commises lors des manifestations des gilets jaunes en France, on entend une capitaine de gendarmerie en activité répondre : c’est compliqué de commenter ces images. Alors qu’un général à la retraite dit que les images lui sont intolérables. Enfin quelqu’un qui a trouvé un autre mot et qui fait sens.

 Une autre formule magique fait fureur. Le Prince Philippe d’Angleterre meurt : il y a beaucoup d’émotion. Une skieuse ou un coureur cycliste remporte une superbe victoire : il y a beaucoup d’émotion. Une petite fille est retrouvée morte dans un village et une marche blanche est organisée : il y a beaucoup d’émotion. Une inondation ou une coulée de terrain provoque l’évacuation de centaines d’habitants : il y a beaucoup d’émotion. On n’en sort pas. Quelles que soient la nature ou l’ampleur du fait du jour, c’est la même expression.

Comme si nous avions oublié que nous partageons avec nos coreligionnaires, et même certains primates, six émotions de base : la surprise, la tristesse, la colère, le dégoût, la peur et la joie...

  • 24.04.2021
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<b>Nous partageons nos émotions</b> - Photo de Andrea Piacquadio provenant de Pexels
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Un mot qui ne veut plus rien dire :
c'est compliqué

C’est compliqué. Sur toutes les chaînes de télévision, dans tous les reportages réalisés pour commenter l’actualité du jour, voilà la formule qui revient en boucle. Les restaurants, les commerces, les salles de spectacle sont fermés pour cause de confinement : c’est compliqué pour leurs gérants ou leurs propriétaires. Les écoles sont elles aussi fermées pour les mêmes raisons, l’enseignement se fait à distance : c’est compliqué pour les enseignants et pour les enfants. C’est également compliqué pour les parents, pour ceux qui doivent aller travailler et qui n’ont pas de nounou sous la main, comme pour ceux qui sont en télétravail et qui doivent justement jouer les nounous. Les hôpitaux doivent faire face à une importante charge de travail : c’est compliqué pour le personnel soignant. Etc.

 C’est compliqué : la langue française ne semble plus avoir d’alternative. Dans un documentaire qui met des responsables des forces de l’ordre face aux images des violences policières commises lors des manifestations des gilets jaunes en France, on entend une capitaine de gendarmerie en activité répondre : c’est compliqué de commenter ces images. Alors qu’un général à la retraite dit que les images lui sont intolérables. Enfin quelqu’un qui a trouvé un autre mot et qui fait sens.

 Une autre formule magique fait fureur. Le Prince Philippe d’Angleterre meurt : il y a beaucoup d’émotion. Une skieuse ou un coureur cycliste remporte une superbe victoire : il y a beaucoup d’émotion. Une petite fille est retrouvée morte dans un village et une marche blanche est organisée : il y a beaucoup d’émotion. Une inondation ou une coulée de terrain provoque l’évacuation de centaines d’habitants : il y a beaucoup d’émotion. On n’en sort pas. Quelles que soient la nature ou l’ampleur du fait du jour, c’est la même expression.

Comme si nous avions oublié que nous partageons avec nos coreligionnaires, et même certains primates, six émotions de base : la surprise, la tristesse, la colère, le dégoût, la peur et la joie...