
Souvent covid varie, bien fol est qui s’y fie
C’est qui celui-là ? Le variant suisse, avec ses couleurs blanche et rouge ? En tout cas, le variant helvétique vient de faire son apparition médiatique. Ce petit dernier, baptisé B.1.1.39, a été identifié par un laboratoire biomédical transalpin, près de Turin, sur un Italien qui avait déjà contracté le virus en novembre 2020 et qui s‘est réinfecté. Apparemment sans gravité, heureusement pour lui.
C’est la quatrième mutation virale covid-19 repérée au Piémont, après le variant anglais, le plus répandu, et les variants brésilien et sud-africain.
Mais pourquoi l’avoir appelé « suisse », alors qu’il n’est pas neutre ? Parce que c’est quand même en Suisse que ce variant a été détecté le plus fréquemment : 69% de toutes les infections à son actif sont survenues dans notre pays. Soit. Mais il a quand même fallu qu’un laboratoire italien le détecte au Piémont pour qu’on en entende vraiment parler, alors que selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), il a été identifié pour la première fois en avril 2020…
Il est vrai que l’OFSP n’est pas champion de la rapidité d’information. Ce n’est que le 24 avril dernier qu’on a appris que le variant indien, qui fait des ravages mortels dans ce sous-continent, avait été détecté dans notre pays. Or selon le 19h30 de la Télévision suisse romande, le variant indien avait déjà identifié sur notre territoire à la fin mars… Il faut donc trois bonnes semaines pour que l’information ait le temps d’incuber à Berne. Au fond, c’est presqu’un progrès.
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Souvent covid varie, bien fol est qui s’y fie
Quand le premier vaccin contre le coronavirus a été homologué, l’entreprise Pfizer a fait savoir que les deux doses nécessaires pour être protégé à 95% (le taux d’efficacité affiché du vaccin) devaient être administrées à trois semaines d’intervalle.
Ce délai n’a depuis cessé d’être allongé pour le vaccin Pfizer comme pour ses « concurrents » Moderna et AstraZeneca. Ce changement d’appréciation est officiellement justifié par les niveaux de protection constatés après une seule injection.
Dans les faits, ce changement d’appréciation coïncide avec les problèmes posés par le retard de livraison des différents vaccins, qui mettait en péril la continuation de la vaccination 1re dose si l’on voulait avoir suffisamment de doses pour assurer la deuxième injection. On peut donc raisonnablement penser que, sans ces retards, personne n’aurait envisagé d’espacer davantage l’administration des deux doses de vaccin pour ne pas prendre de risque supplémentaire. Puisque le « risque » est depuis le début de la pandémie l’une des clés du discours scientifique relayé par les gouvernants.
Aujourd’hui, certains « experts » convoqués par les médias envisagent de porter jusqu’à 90 jours l’intervalle entre la première et la deuxième dose du vaccin anticoronavirus. C’est le cas, par exemple, du Dr Damien Mascret, consultant du Figaro et de France 2. « On a le temps, explique-t-il le mardi 16 mars 2021, sur le plateau de France 2. Parce qu’on a commencé les vaccinations début février et il faut trois mois d’espacement entre les deux doses. On a vu dans les essais qui ont été réalisés au Royaume-Uni qu’on pouvait attendre jusqu’à 60 jours, parce que la protection continue de monter jusqu’à 60 ans, et puis même jusqu’à 90 jours, on reste un petit peu en plateau. Donc on a une protection qui est suffisante jusqu’à 90 jours. Ensuite, effectivement, ça commence à baisser. »
A Lausanne, le professeur Blaise Genton milite lui aussi pour allonger le délai séparant l’administration des deux doses à 12 semaines en vue de faire profiter davantage de gens de la protection apportée par la première injection.
Le Professeur Giuseppe Pantaleo, directeur du Swiss Vaccine Research Institute, est plus prudent. « Si l’on élargit l’intervalle à huit semaines ou plus, dit-il à 24 heures, il n’est pas exclu qu’un certain pourcentage de gens ne soit pas protégé de manière optimale. Je ne suis pas contre l’idée d’étendre le délai au-delà de six semaines mais pour cela, il faudrait des données scientifiques solides.
« Il faudrait mesurer le niveau d’anticorps neutralisants – les anticorps protecteurs – sur 200 personnes et voir quel pourcentage est encore protégé à six et huit semaines. Il faudrait prouver que plus de 90% des gens sont protégés à huit semaines.
« Trois mois, c’est long. La réponse immunitaire risque de baisser et cela pose un problème pour les variants. Si la réponse immunitaire n’est pas suffisamment puissante pour bloquer le virus, ce dernier a le temps de faire des mutations pour y échapper… » (24 heures, 17 mars 2021).
Elément d’information complémentaire, en attendant mieux. A Genève, la pharmacienne cantonale, Nathalie Vernaz-Hegi, a transmis le 18 mars 2021, les statistiques suivantes. Parmi les 50'000 personnes ayant reçu la première dose dans le canton, seuls 20 patients ont contracté la maladie. Parmi les 26'954 personnes qui ont reçu les deux doses, une seule a été infectée par le Covid (20 minutes, 18 mars 2021).